Chapitre 45

 

Sur le pas de la porte, je tendis l’oreille pour entendre ces pas traînants et j’en perçus les échos lointains. Parfait. Au moins, je savais où il se trouvait – et ce n’était pas à proximité de moi.

Je me précipitai vers l’entrée puis lançai mon sort de camouflage en tournant le dos au tunnel. Cette fois encore, je tendis l’oreille. Les pas étaient toujours lointains. Je lançai mon sort de télékinésie, me penchai contre le rocher et poussai. Il ne bougea pas.

Avant que je puisse de nouveau pousser, j’entendis revenir l’homme. Je m’écartai contre le mur et appuyai contre lui. Je fermai les yeux avant de jeter le sort de camouflage. Si j’avais besoin de lancer un sort d’entrave, j’aurais une meilleure chance de succès si j’arrivais à me concentrer pleinement dessus. Mais surtout, je fermai les yeux car je savais que, si je les gardais ouverts et que je voyais s’approcher de moi cette figure boitillante, j’allais paniquer.

Tandis que les pas approchaient, je me raidis, récitant mentalement le sort d’entrave, prête à le lancer si la créature me tombait dessus. Et si ça ne marchait pas ? Et si je la laissais approcher si près sans parvenir à l’arrêter ? Et si je pouvais l’entraver ? Où irais-je ? Ça devait être la seule issue. Je pouvais l’entraver et rester piégée, incapable de faire autre chose qu’attendre que le sort se rompe…

L’odeur de viande pourrie m’envahit. Les pas avaient cessé. Où était-il ? Juste devant moi ? Pourquoi donc avais-je fermé les yeux ? Il pouvait se trouver pile devant moi, en train de me regarder, et mon sort de camouflage aurait cédé, sans que je m’en sois aperçue. Non mais quelle andouille de… !

Un grognement. Si proche que l’air exhalé chatouilla mon oreille déchirée. Merde ! Dès qu’il bougerait ne serait-ce que de deux centimètres, il allait me percuter et rompre mon camouflage. Je devais agir sur-le-champ. Je m’apprêtais à ouvrir la bouche pour lancer le sort d’entrave quand je compris que, même s’il fonctionnait, j’étais prise au piège. J’avais reculé dans le coin et il bloquait justement ce coin-là. Pour le dépasser, j’allais devoir le pousser sur le côté, ce qui romprait le sort d’entrave. Et merde ! Comment pouvais-je faire preuve d’une aussi monumentale…

Arrête !

Dépasse-le d’abord, puis lance le sort d’entrave. Prépare une boule de feu pour le distraire – du genre externe, facile à lancer. Je me raidis, prête à bondir. Puis, avec un nouveau grognement, il se retourna et rentra dans la grotte.

Dès l’instant où ses pas s’éloignèrent jusqu’à la porte de cette chambre des horreurs, j’ouvris les yeux puis relançai le sort de camouflage. Il s’arrêta à l’entrée de la pièce, la balaya brièvement du regard, puis, marmonnant de nouveau, continua le long du passage principal.

Je regardai le rocher. Pas le temps de bricoler avec de la magie de bas niveau. Je devais me servir du sort de télékinésie majeur. Il me viderait complètement de mes réserves de puissance, ce qui signifiait que, si ça ne suffisait pas à déplacer ce rocher et qu’il revenait, j’étais foutue. Autant lui tendre un de mes membres et attendre qu’il commence à le déchirer.

Oh, arrête. Ce n’est pas parce que tu ne peux plus lancer de sorts que ça te rend totalement impuissante. S’il revient, tu feras ce que tu ferais dans toute situation de ce genre. Te battre et courir, courir et te battre. C’est un homme. Rien de plus. Tu vas te battre et courir et prier qu’on vienne te tirer de cet enfer avant qu’il soit trop tard.

Ayant fini de m’encourager mentalement, je me passai les mains sur le visage, repoussant des bouffées tenaces de panique. Puis je posai les mains contre le rocher, enfonçai les pieds dans le sol de terre, lançai le sort majeur de télékinésie et poussai.

Le rocher frémit. Je continuai à pousser. Nouveau frisson, puis il commença à bouger, s’écartant petit à petit du creux.

Un bruit derrière moi. Choc. Chuchotement. Choc. Chuchotement.

Un sort de camouflage me jaillit aux lèvres mais je le ravalai. Si je rompais le sort de télékinésie, il s’écoulerait une bonne heure avant que je puisse le relancer, et même un sort aussi peu exigeant que le camouflage ne fonctionnerait peut-être pas maintenant, alors que mon niveau de puissance était si bas.

Continue à pousser.

Un grognement résonna derrière moi dans le couloir. Suivi par un deuxième, de surprise cette fois. Puis les pas accélérèrent. Un grognement d’exultation. Il me voyait. Merde ! Retourne-toi et fous le camp. C’est ta seule chance.

Non ! Pousse plus fort. Relance le sortilège et pousse comme si ta vie en dépendait.

Je fermai les yeux, lançai le sort et mis tout ce que j’avais dans cette dernière poussée. Le rocher frémit, puis bondit hors du creux. Des doigts m’agrippèrent l’épaule. Je pivotai et donnai un coup de pied à l’aveuglette. Grognement furieux lorsque mon pied l’atteignit. Je me tortillai, fonçai vers l’étroite ouverture et passai les bras et le torse à travers. Une jambe parvint à l’extérieur. Puis des doigts s’enfoncèrent dans mon autre cheville. Violente torsion. Je volai en arrière, heurtant la terre du coteau, à présent coincée avec une jambe dehors et une dedans. Il tira de nouveau. La douleur me traversa lorsque mes jambes firent le grand écart et que mes hanches menacèrent de se déboîter.

Ce fut alors que l’option contre laquelle je m’étais tellement efforcée de me battre s’imposa. J’entendis la voix de Kristof dans ma tête :

Si tu te retrouves coincée là-dedans, totalement coincée, ne me laisse pas tomberbats-toi, même si ça implique que tu aies besoin de cette saloperie d’épée.

Je le lui avais promis et je tiendrais parole s’il fallait en arriver là. Mais je ne l’avais pas encore fait. Pas encore.

Je me tins le plus immobile possible, luttant contre l’impulsion de me frayer un chemin à coups d’ongles. Dès la seconde où il relâcha prise, tandis qu’il se préparait à tirer de nouveau, je donnai un coup de la jambe qu’il tenait, non pour la dégager mais pour la rentrer, pour lui porter un coup. Avec un nouveau grognement de surprise, sa prise faiblit. J’agitai de nouveau les jambes vers l’intérieur et sa poigne glissa le long de ma jambe, se resserrant de nouveau autour de ma basket. Je tirai plus fort, mon pied se libéra de ma chaussure et je valsai à terre.

Un grondement jaillit de la caverne. Tandis que je me relevais, je vis ses bras battre à travers l’ouverture, s’agiter dans le vide, comme s’il s’efforçait de se faufiler dans l’étroit intervalle. Je ne m’attardai pas pour voir s’il y parvint. Dès la seconde où je me retrouvai debout, je me mis à courir.

Les premières minutes, je courus à l’aveuglette, les branches d’arbre cinglant mon visage, trébuchant quand je me prenais les pieds dans les broussailles, progressant tant bien que mal avec une seule chaussure, tâtonnant au cœur des ténèbres d’un noir d’encre. Lorsque je me fus assez éloignée de la grotte, je ralentis pour guetter mes poursuivants à l’oreille. Rien. À ce soulagement succéda un juron mental. Mais qu’est-ce qui me prenait de foncer dans la forêt comme un cerf paniqué ? Avais-je donc oublié les autres ? Six ou sept autres tueurs ratissant la forêt à ma recherche ?

Je m’arrêtai pour retrouver mes repères. La forêt était silencieuse. Un instant plus tard, je me secouai, me penchai et ôtai mon autre chaussure. Il était plus facile de courir sans qu’avec une seule. Je la fourrai sous un buisson – pas la peine de donner d’indices à mes poursuivants. Puis je me redressai et fis apparaître une boule lumineuse. Rien ne se produisit. Étais-je tombée si bas ? Question idiote. Je savais que mes pouvoirs étaient au plus bas. Je le sentais, sous la forme d’une pulsation à peine perceptible dans ma tête là où il y avait normalement un flux constant d’énergie.

Je fermai les yeux, m’appuyai contre un arbre et attendis. Au bout de quelques minutes, je relançai le sort. La boule lumineuse apparut quelques secondes, puis s’éteignit avec un petit bruit sec. Je ravalai un grognement de frustration et fis rouler mes épaules pour tenter de me détendre. Inutile de courir dans l’obscurité totale. Autant attendre le sortilège.

Une brindille craqua derrière moi. Tandis que je m’écartais de l’arbre, quelque chose de pointu s’enfonça dans mon épaule, à l’emplacement même où l’homme au couteau m’avait atteinte, et je ravalai un cri aigu.

— Merci beaucoup pour cette lueur, chuchota Dachev à mon oreille blessée. C’était très gentil à vous de me signaler votre emplacement.

D’un coup de pied en arrière, je l’atteignis aux mollets. La torche vola de sa main. Dans sa chute, il agita son couteau. La lame de pierre m’entailla l’arrière de la cuisse et je trébuchai. Il me sauta dessus. Je me tortillai pour lui échapper, mais il donna un nouveau coup de couteau et m’atteignit cette fois à l’autre mollet. Je donnai un coup de pied circulaire à l’aide de mon autre jambe. La douleur traversa le muscle blessé de ma cuisse, mais je donnai tout ce que j’avais et l’atteignis en plein ventre. Il alla voler en arrière contre le tronc. Lorsqu’il le heurta, le couteau tomba de sa main. Je voulais ce couteau. Mon Dieu, comme je le voulais. Mais je savais qu’il me sauterait dessus si je tentais de le prendre. Je choisis donc la deuxième meilleure option en lui donnant un coup de pied lorsqu’il tomba, qui l’envoya valser dans les ténèbres.

Dachev bascula en avant et me heurta en plein flanc. Tandis que je pivotais pour tenter de reprendre mon équilibre, un bruit surgi de la forêt m’arrêta net. Un bruit de course. Plusieurs personnes. Les autres nous entendaient et approchaient.

Dans un combat sans sortilèges, je pouvais probablement vaincre Dachev. Blessée dans un combat sans sortilèges, ce « probablement » s’était déjà changé en « avec un peu de bol ». Mes chances d’affronter Dachev plus les autres, dans cet état, étaient proches de zéro. Du zéro absolu et je n’étais pas assez idiote pour prétendre le contraire.

Je pris donc la fuite.

Je lançai ma boule de lumière. Elle prit cette fois, avec la puissance d’une lampe torche presque à court de batteries, mais assez régulière pour me permettre d’y voir. Et oui, tandis que Dachev se précipitait à ma suite, je savais que la boule lumineuse lui fournissait un repère à suivre, mais je ne pouvais pas m’en soucier. Si je fonçais à tâtons dans la forêt obscure, je serais morte dès que les autres arriveraient avec leurs torches.

Je parvins à garder l’avance sur Dachev, mais de justesse. Et je ne mis pas davantage de distance entre nous. J’étais pieds nus, avec une cuisse et un mollet blessés. Seule la détermination me permettait de continuer à courir. Et la conscience que j’aurais beaucoup plus mal qu’actuellement si je m’arrêtais.

Un bruit résonna devant moi. Merde ! Quelqu’un avait-il fait le tour ? Le bruit dériva dans l’air nocturne. Un marmonnement étouffé. Oh, punaise ! L’homme des cavernes. Il avait réussi à contourner le rocher. En fonçant tête baissée pour fuir Dachev, j’avais emprunté le chemin le plus dégagé que j’avais trouvé – celui-là même que j’avais dégagé moi-même un peu plus tôt. J’étais revenue sur mes pas jusqu’à cette saloperie de grotte. De toutes les conneries que j’avais faites ce soir-là, celle-là remportait le pompon.

Enfin non. Ce n’était peut-être pas si débile. Peut-être même très malin… même si je ne l’avais pas fait exprès. C’était un risque. Un gros. Et si j’échouais… N’y pense pas. Concentre-toi sur l’instant.

Je localisai précisément le monstre de la grotte. Sur ma gauche. Je pris donc cette direction.

Quelques instants plus tard, je distinguai sa forme se détachant contre les arbres. Lorsqu’il aperçut ma lumière, il leva la tête et son visage se détacha comme une tache pâle dans la noirceur. Puis il me vit. Ses yeux s’illuminèrent et il s’avança pesamment.

Je lançai le sort d’entrave. Il continua à avancer. Je commençai à dévier. Puis il s’arrêta, figé. Je rassemblai tout mon courage et le dépassai en courant, le frôlant si près que son odeur de viande pourrie me remplit les narines.

Je fonçai et tendis l’oreille. De derrière moi me parvint un hoquet de surprise. Puis un juron et un bruit de pieds dérapant dans la terre, cherchant à s’arrêter.

Je rompis le sort d’entrave. L’homme des cavernes rugit. Dachev hurla. Et je continuai à courir. Quant à ce qui se produisit ensuite… je l’ignorais et m’en moquais bien. Si Dachev subissait le même sort que la créature de la grotte, eh bien, je suis sûre qu’aucune de ses victimes n’aurait trouvé ce châtiment trop dur.

Je continuai à courir jusqu’à me retrouver dans le village. Ça paraissait le lieu le plus sûr, si tout le monde était parti me chercher dans la forêt. J’allais simplement me cacher et…

Un couteau surgit des ténèbres et alla se planter entre mes côtes. Tandis que je me pliais en deux, je vis l’homme au couteau sortir des ombres. Il sourit et leva une autre lame. J’arrachai la première et bondis hors d’atteinte. Ou du moins, je tentai de le faire, mais me retrouvai en train de trébucher en demi-cercle, les jambes prêtes à céder, tandis qu’une douleur toute nouvelle me traversait le torse. Je parvins à éviter la lame, et c’était l’essentiel.

L’homme au couteau me fonça dessus. Tandis que je retrouvais mon équilibre, un autre homme courut vers la route – asiatique, à peu près mon âge, petit et musclé, avec des habits modernes. Merde ! Combien y en avait-il ?

L’homme au couteau balança son poing sur le côté de ma cage thoracique. Je vacillai, puis me repris et pivotai, lame en main. Le couteau l’atteignit à l’épaule. Il ouvrit de grands yeux. Tandis qu’il tombait en arrière, ma première pensée fut : « Hmmm, je ne pensais pas l’avoir frappé si fort que ça. » Puis une autre lame brilla au clair de lune. Une épée qui remontait vivement tandis que l’homme au couteau retombait en arrière en hurlant.

Je suivis l’épée jusqu’à la main du nouvel arrivant.

Il croisa mon regard et me gratifia d’un large sourire.

— Katsuo.

— Oh, Dieu merci, murmurai-je. Par pitié, dites-moi que vous avez de la potion anti-géhenne.

Il éclata de rire.

— Pour deux.

Lorsqu’un bruit retentit depuis le bout de la route, on se retourna pour voir deux silhouettes accourir vers nous.

— Et ce n’est pas trop tôt, on dirait, me dit Katsuo. Attrapez.

Il me lança le flacon. Je le rattrapai alors même que l’homme au couteau luttait pour se relever. Je lui assenai un nouveau coup de pied, puis débouchai mon flacon. L’homme-oiseau et le loup-garou me foncèrent dessus depuis des directions contraires.

— Désolée, les mecs, leur lançai-je. Faut que je file.

Je versai la potion dans ma bouche.

Hantise
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